Décidément, les piétons se trouvent au cœur des préoccupations à la veille des municipales à Paris. Si Anne Hidalgo a déjà annoncé son projet de « piétonnisation », qui, rappelons-le, a fait l’effet d’une douche froide auprès des riverains de l’avenue Foch, Nathalie Kosciusko-Morizet elle, n’a pas tardé à réagir. Pour la candidate UMP, c’est le centre de Paris qu’il faut rendre aux piétons.
Par où commencer…
Selon NKM, une phase expérimentale de ce programme de « piétonnisation » pourra être lancée dans le 1er, le 2e, le 3e et le 4e arrondissement, une fois que l’une des 2 propositions soumises aux Parisiens sera validée par voie de référendum. Elle propose, en effet, deux options : la première consiste à préserver l’accès à ces zones aux seules voitures des résidents et aux véhicules de livraison. Tandis que la deuxième option vise à créer des quartiers électriques, c’est-à-dire des zones accessibles uniquement aux véhicules électriques, à l’exception des résidents qui sont libres de circuler avec leur voiture. Il faut noter que certains axes seront exclus de ce dispositif. Selon cette candidate, il s’agira notamment du « boulevard Sébastopol, la rue de Rivoli, la rue Réaumur et la rue Saint-Jacques ». Cette campagne de « piétonnisation » reste partielle et ne touchera pas l’intégralité de la partie centrale de la capitale, toujours selon Nathalie Kosciusko-Morizet.
Pour expliquer un tel engouement soudain pour les piétons, Nathalie Kosciusko-Morizet avance le fait que les erreurs viennent de la municipalité sortante qui, au fil des années, a créé un « embouteillage géant » ayant pour conséquence de « dégoûter les automobilistes ». Selon toujours la tête de liste de l’UMP, il ne s’agit pas d’une tendance isolée, mais bien d’une tendance mondiale destinée à réduire la circulation des voitures dans les métropoles. Pour Paris, il n’y aura pas une uniformisation de cette politique de circulation douce. En effet, la capitale sera différenciée selon les quartiers concernés. Et pour illustrer ses propos, la candidate affirme qu’il existe des quartiers où la voiture individuelle n’est pas toujours la bienvenue. C’est le cas par exemple lorsqu’il s’agit de se rendre aux Halles ou dans le Sentier.
Qu’en pensent les Parisiens ?
Face à ce foisonnement de programmes destinés à rendre la Ville lumière plus naturelle et plus propice au bien-être de ses habitants, les réactions divergent. Certains considèrent en effet qu’il est important de laisser la ville respirer, sans pour autant étrangler le flux de la circulation. D’autres s’inquiètent pour l’insécurité à laquelle les piétons vont être exposés s’ils doivent circuler le soir par exemple.
Bien que certains habitants sont séduits par cette guerre de séduction et sont heureux de retrouver un Paris plus vert et plus propre, de nombreuses réactions mettent en doute les avantages réels qui peuvent découler d’un tel projet. Selon certains, l’idéal aurait été de consulter les habitants avant d’avancer des changements qui les touchent de manière aussi directe, même si celles-ci feront l’objet d’un référendum. Quoi qu’il en soit, si NKM se fait élire, les Parisiens auront sûrement moins de difficulté à s’adapter à leur nouvelle vie, contrairement aux personnes qui doivent s’y rendre et s’astreindre à ces nouveaux dispositifs.
Paris piéton : est-ce réellement un scoop ?
Il faut croire que la « piétonnisation » de Paris est loin d’être une idée révolutionnaire, qu’il s’agisse des changements proposés par la droite ou ceux de la gauche. C’est même une tendance qui gagne progressivement l’ensemble de l’Hexagone et qui semble devenir chère aux deux camps. Si la gauche a commencé avec les berges de Seine, la droite veut aujourd’hui s’attaquer au cœur de Paris.
Naturellement, la droite a reproché à la gauche de congestionner la capitale avec son projet, et la gauche n’a pas manqué d’émettre des critiques à l’endroit de ce programme de la favorite de l’UMP, considéré comme une source de perturbation du trafic. C’est donc une bataille acharnée qui ne fait que commencer. Les Parisiens ont encore tout le temps nécessaire pour réfléchir avant de voter. En attendant, ils pourront déjà commencer à s’entraîner à marcher dans les rues de Paris pour ne pas se laisser surprendre le moment venu !