Revue à la baisse une première fois en 1993 en passant de 90 km/h à 80 km/h, la vitesse autorisée sur le périphérique a été une nouvelle fois réduite en ce début d’année. Ainsi, depuis le 10 janvier dernier, les automobilistes empruntant cet axe devront rouler moins vite avec une limitation de vitesse qui est désormais passée à 70 km/h. Demandée depuis juillet 2011 par la ville de Paris sous l’initiative du maire Bertrand Delanoë, la révision à la baisse de la vitesse sur le périphérique a été décrétée conjointement par le ministère de l’Ecologie et le ministère de l’Intérieur. Moins de pollution, moins de bruits et moins d’accidents : ce sont les triples arguments avancés par le gouvernement pour expliquer cette mesure qui est loin de faire l’unanimité auprès de l’opinion publique !
Les arguments officiels justifiant cette limitation de vitesse
Cette mesure vise avant tout à répondre à des enjeux environnementaux et sanitaires. Effectivement, selon une étude récente de l’association de surveillance de la qualité de l’air « AirParif », il s’avère que les émissions de particules fines et de CO2 provenant du périphérique s’élèvent respectivement à 20 % et 12 %. La zone polluée touche ainsi plus de 12 millions de personnes au quotidien. Selon les estimations faites par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), la limitation à 70 km/h permettrait ainsi de réduire d’environ 5% cette pollution atmosphérique.
Ensuite, cette réduction de la vitesse maximale est une mesure qui s’inscrit dans la logique politique de la ville pour assurer une meilleure sécurité routière. En réduisant la vitesse de 10 km/h sur cet axe, il sera alors possible d’envisager une baisse de 23 % des accidents, ce qui représente 65 % de blessés graves et de morts en moins. Si cet axe est réputé pour ses embouteillages le matin, la vitesse augmente à mesure que la circulation devient plus fluide en soirée et durant la nuit. Il faut signaler que près de la moitié des accidents corporels survenus sur le périphérique ont mis en cause la vitesse selon la Préfecture de Police.
Enfin, cette mesure vise également à améliorer le confort de vie des personnes qui habitent aux alentours du périphérique. Ainsi, quelques 100.000 riverains seront concernés par la réduction du bruit généré par le trafic. Les autorités gouvernementales tablent sur une réduction moyenne de 1,4 dB, poids lourds et voitures légères confondues, pour une diminution appréciable du bruit notamment la nuit.
Une mesure controversée en raison de ses effets limités
Pour beaucoup, cette mesure est une erreur. Ainsi, l’association « 40 millions d’automobilistes » pense que réduire la vitesse sur cet axe ne contribuera pas à lutter efficacement contre la pollution et que d’autres solutions comme le renouvellement du parc automobile seraient une mesure plus pertinente.
Quant à la « Ligue contre la violence routière », elle pense que la sécurité routière a été fortement améliorée grâce à l’utilisation des radars, réduisant ainsi le nombre de morts de 15 à 3 sur cet axe. Mais pour elle une nouvelle limitation de vitesse n’aura qu’un impact très limité sur l’accidentologie.
Concernant le confort sonore, ces mêmes organismes signalent que la réduction du bruit est minime car une différence inférieure à 3 dB ne sera pas réellement perceptible par l’oreille humaine. Des solutions comme le revêtement phonique des routes ou les sanctions contre les moteurs bruyants des deux-roues sont ainsi jugées plus crédibles pour remédier à ces nuisances sonores.
Enfin, le spécialiste des finances publiques Rémy Prud’homme estime, quant à lui, que cette mesure est anti-économique et va même jusqu’à chiffrer à 101 millions d’euros par an la perte de temps liée à ce ralentissement.
Malgré les avantages écologiques, sanitaires et sécuritaires annoncés par les autorités, la limitation de vitesse à 70 km/h sur le périphérique n’aura pas réussi à convaincre tout le monde. La mesure reste donc assez impopulaire, notamment au niveau des automobilistes qui empruntent cette voie. Rappelons que 40 % du trafic de la capitale passe par cet axe routier, le plus important d’Europe avec 1,3 millions de voitures par jour. L’efficacité de cette mesure reste donc totalement à prouver pour que les automobilistes sceptiques puissent véritablement changer d’avis.