En 2013, on a dénombré 1 059 692 apprentis au permis de conduire, soit une baisse de 2.5% par rapport à l’année précédente. En corrélation avec cette tendance, le nombre de permis délivrés est en baisse tout comme le nombre d’examens proposés. Cette baisse de candidats s’explique en grande partie par le temps que prend aujourd’hui l’apprentissage de la conduite et surtout son coût. Face à cette problématique, les auto-écoles dites low-cost fleurissent et provoquent la grogne des auto-écoles traditionnelles.
Auto-écoles low-cost : le principe ?
Sous les termes auto-écoles low-cost, on regroupe différents modèles économiques.
Permis Pas Cher, par exemple, créée par Guillaume Wryk, propose une formation à prix cassée avec des contraintes : code + heures de conduite à 28 € (contre 40 en moyenne) dans la mesure où l’élève réserve ses heures 15 jours à l’avance sans modification possible, sinon l’heure passe à 36€. Mais même à 36€, l’agence est moins chère que la moyenne. Pour fonctionner, le système table sur le volume et cela semble fonctionner. Avec un niveau de réussite dans la moyenne des auto-écoles et 2 nouvelles écoles ouvertes depuis sa création, la solution séduit de plus en plus d’élèves prêts à de nombreux sacrifice pour accéder à un permis moins cher.
D’autres sociétés comme Le Permis Libre proposent des formules plus souples basées sur l’autonomie du candidat. S’appuyant sur l’article R211-3 du Code de la Route autorisant le passage du permis en candidat libre, cette auto-école classique mise sur l’outil internet pour dispenser une formation complète moins chère que sa formule traditionnelle. Le code se révise en ligne et est passé en candidat libre. Puis, pour la conduite, la plateforme met en relation l’élève avec un moniteur rattaché à l’entreprise. Grâce à des contraintes logistiques diminuées, l’élève passe son permis en candidat libre pour environ 50% moins cher que la formation traditionnelle, tout en étant en contact constant avec l’auto-école. Souvent délaissé, le passage en candidat libre est fastidieux à mettre en œuvre notamment pour trouver un moniteur. Avec ce type de solutions, la candidature est simplifiée, l’auto-école fournit les documents pré-remplis et propose des moniteurs de confiance. La société Ornikar, en bataille pour son agrément, propose quant à elle le même type de formule mais va un peu plus loin en proposant des moniteurs indépendants et non salariés pour alléger encore un peu plus ses coûts.
D’autres start-up profitent aussi de ce modèle du candidat libre. Des entreprises louant des voitures-écoles homologuées avec le double jeu de pédales et de rétroviseurs fleurissent pour permettre aux candidats de conduire avec un tuteur de leur choix. Le tuteur doit avoir l’usage du permis depuis au moins 5 ans sans suspension ou annulation, il doit avoir suivi une formation en auto-école, ne pas être rémunéré et former le futur conducteur dans un véhicule équipé et adapté.
Les 2 dernières solutions séduisent de plus en d’apprentis qui en ont assez d’attendre ou de payer sans voir venir leur permis.
Des solutions intéressantes qui doivent être encadrées.
Si la solution du type Permis Pas Cher, qui proposent une formation classique en cassant les prix grâce aux volumes, fait un peu grincer des dents, ce sont surtout les solutions basées sur les candidatures libres qui sont dans le collimateur de certains professionnels. Ces solutions peuvent en effet être intéressantes mais elles peuvent aussi être désastreuses, si elles ne sont pas correctement encadrées.
Nombreux professionnels sont inquiets face à des solutions comme Ornikar ou Le Permis Libre qui défendent l’idée de combiner la souplesse de la candidature libre avec l’enseignement de moniteur professionnel. Les auto-écoles traditionnelles y voient surtout, en plus d’une concurrence peu loyale, un danger car il n’y a plus de réel suivi du candidat et les échanges sont réduits.
La plupart des loueurs de voitures équipées pour l’apprentissage, quant à eux, inquiètent car on craint pour la qualité de la formation et la sécurité du candidat et du tuteur. Les loueurs rassurent en proposant des assurances qui couvrent l’apprenti et le tuteur mais on observe surtout que la solution n’est finalement pas toujours si low cost si l’on cumule le coût de la formation du tuteur et le coût global de la voiture.
L’idée d’un permis à bas coût ne peut être perçue que comme une bonne idée, mais il est certain que cela ne doit pas se faire au détriment d’une certaine exigence de qualité dans la formation. Face à l’autorisation de candidatures libres, l’évolution vers des modèles basés sur les possibilités d’internet (formation en ligne, plateforme de mise en relation) semble inévitable et pourrait permettre de proposer des alternatives séduisantes et complémentaires aux formations traditionnelles au permis de conduire. Toutefois, ces modèles doivent effectivement être encadrés avant tout pour protéger les candidats et leur garantir une formation de qualité.